<238> revue prochaine. Savez-vous bien, mon cher comte, qu'il y aura bientôt deux ans que je ne vous ai vu? Ce terme me paraît fort long; je ne sais si vous pensez de même. Toutefois il est certain que deux années, eu égard à la brièveté de la vie humaine, est autant que des siècles entiers le sont pour l'existence du monde.

Le froid excessif, joint aux inquiétudes continuelles dans lesquelles on se trouve, avaient fort altéré ma santé; je me suis cependant remis tant bien que mal, quoique ma santé n'est pas encore bien affermie. Je vous informe de ces bagatelles, puisque je ne puis vous parler que de pareils riens sur ce qui me regarde. La part que vous y prenez vous fera passer au-dessus de ce que de pareilles nouvelles ont de frivole.

Ne m'oubliez pas, mon cher comte, et soyez persuadé de l'estime et de l'amitié avec laquelle je suis

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.

17. DU COMTE DE SCHAUMBOURG-LIPPE.

Bückebourg, 10 mars 1740.



Monseigneur

La lettre dont Votre Altesse Royale m'a daigné honorer m'a donné les plus vives alarmes pour sa santé. Ce même sujet dont elle ne me parle qu'en passant, c'est celui qui seul peut m'importer. Il ne serait pas besoin de ma soumission et de mon attachement personnel pour V. A. R. pour me faire envisager tout ce qui peut altérer sa santé, abréger ses jours, comme le plus grand des malheurs; il suffit pour cela de vouloir le bien de la société humaine en général.