<191> mais je connais votre cœur, et je sais qu'il est plus sensible à l'estime des honnêtes gens qu'à l'intérêt. Ainsi je vous donne encore une marque de mon estime et de mon amitié, que je vous prie de conserver toute votre vie; ce sont les arrhes que mon cœur vous réserve, et ce que l'équité veut qu'on vous rende. Soyez persuadé, mon cher Camas, que je ne me départirai jamais de ces sentiments, et que si une plus haute fortune peut m'être sensible, c'est pour récompenser votre mérite, et vous donner des marques évidentes des dispositions à votre sujet avec lesquelles je suis

Votre très-fidèle ami,
Federic.

42. AU MÊME.

Ce soir, de ma chambre (27 mars 1740).



Mon cher Camas,

Je vous envoie un contea bien fou, qui pourra peut-être vous amuser quelques moments. En vérité, on a l'esprit si plein de médecins, de malades et de remèdes, qu'il serait difficile, je crois, de plaisanter sur autre chose. L'histoire du flegmatique Superville a donné lieu à ces vers. Vous m'avez paru désirer de voir ce conte habillé en poésie; c'est toujours, de quelque façon qu'on le regarde, l'ouvrage d'un janséniste en médecine, qui ose révoquer en doute l'infaillibilité de la Faculté, crime impardonnable, et pour lequel un médecin plus bourreau encore que ses confrères eut la dureté de laisser mourir Despréaux sans l'assister. Je remets donc entre vos mains de quoi me brouiller à jamais avec tous les Esculapes de l'univers. Songez donc,


a Le Faux Pronostic. Voyez t. XIV, p. 178-180.