<161> n'aboutiraient à rien absolument. Je me repaîtrais l'esprit d'une agréable illusion, et il n'en serait de plus. Je serais dans le cas de ceux qui s'attendent sûrement, après leur mort, d'entrer dans un paradis turc rempli de délices et de sensualités, et qui, trépassant, ne trouveraient rien de tout ce qu'ils avaient imaginé. Les rêves ne m'accommodent guère, et plutôt que de laisser régner une vision flatteuse dans mon âme, j'en défends l'entrée à tout ce dont je ne puis m'attendre à la réalité.

On me charge de compliments pour votre femme; ajoutez-y les miens, et dites-vous tous les jours que je suis avec toute l'estime imaginable,



Mon cher Camas,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.

21. AU MÊME.



Mon cher Camas,

Je dois vous avoir paru un importun, et peut-être même un fâcheux, pendant tout le temps que vous avez été ici. Je vous ai talonné, je vous ai persécuté pour vous posséder pendant quelques moments, et cela, quelquefois, lorsque vous aviez besoin de repos. Je vous avoue mon tort, et je le confesse; cependant, pour ne point démentir ce caractère de fâcheux, je le soutiendrai jusqu'au moment de votre départ. Souvenez-vous donc, s'il vous plaît, que vous m'avez promis une certaine lettre d'une personne à qui le bel esprit avait en quelque façon obscurci le bon sens; je n'en ferai aucun mauvais usage; ce ne sera que pour contenter ma curiosité, et pour me faire un petit sermon sur les sottises que l'amour propre peut faire commettre aux