<125>Mais, puisque vous me parlez si franchement dans votre lettre, je croirais pécher contre les lois de la sincérité, si je ne vous disais pas naturellement mon sentiment. J'avoue qu'il y avait une conclusion dans votre sermon que je n'ai pas bien comprise, et qui, je crois, aurait besoin de commentaire pour la rendre claire et nette. Vous parliez du fanatisme qui aurait pu déterminer les apôtres à adhérer à la mission du Sauveur; et, si je ne me trompe, vous vous serviez de cette expression : « Qui dit que les apôtres ont été des fanatiques est fanatique lui-même. » L'autorité que vous donnait la chaire vous faisait prononcer ces paroles avec assez de hardiesse, et votre troupeau, qui vous en croit sur votre foi, ne demandait pas d'autre raison; mais, sur les bancs, je crois que cela ne conclurait rien, à mon avis.

Vous me demandez matière pour deux sermons que vous voulez en ma faveur travailler et prononcer en ma présence. Je vous en suis infiniment obligé; et comme j'aime à faire tendre toutes les choses extérieures à un certain but dont je tire avantage, je vous prierai de prêcher premièrement sur ce texte : « Ces paroles nous ont été données de Dieu, »a pas davantage, et d'établir la possibilité, les caractères et la vérité de la révélation; et le second sur ces paroles : « La croix de Christ est en horreur chez les juifs, et ridicule aux païens, »b et de prouver premièrement la nécessité de sa mission, la vérité des oracles qui l'ont annoncée, et, si l'on ose parler ainsi, la raison qui a déterminé le conseil de Dieu à choisir ce genre de rédemption préférablement à un autre, et, pour votre troupeau, l'application des devoirs qui suivent de la foi en Christ.

J'avoue, monsieur, que j'attends une grande édification des peines que vous vous donnerez, car j'ai le malheur d'avoir la foi très-faible, et il me la faut étayer souvent par de bonnes raisons et des arguments


a II Timothée, chap. III, v. 16.

b I Corinthiens, chap. I, v. 23.