<65> une proposition aussi absurde, ne mérite en vérité pas de réponse. A qui apprendrai-je, qui ne le sache depuis longtemps, que M. de Maupertuis fut regardé en France comme le géomètre le plus capable de vérifier les vérités que Newton avait devinées dans son cabinet touchant la figure de la terre; qu'il fut envoyé en Laponie, et que, par ses opérations géométriques, il contribua autant à sa gloire qu'à celle du philosophe anglais que sa modestie lui faisait regarder comme son maître? A qui apprendrai-je que, comblé d'honneurs par le roi de France, il fut appelé chez nous par le Roi; que c'est sous sa direction que notre Académie, longtemps languissante, a repris une nouvelle vie?

Est-ce à moi d'instruire le public (déjà tout instruit) que M. de Maupertuis, par ses ouvrages en tout genre, a contribué plus qu'aucun de nous autres aux mémoires que nous faisons paraître tous les ans? Qui ignore ou fait semblant d'ignorer que M. de Maupertuis est admiré de tous les savants qui ont lu ses ouvrages, aimé et estimé de nous autres, chéri de tous ceux qui vivent avec lui, distingué à la cour, et favorisé du Roi plus qu'aucun autre savant?

Je ne plains pas notre président; il a de commun avec tous les grands hommes d'avoir été envié, et d'avoir réduit ses ennemis à inventer contre lui des absurdités. Mais je plains ces malheureux écrivains qui s'abandonnent insensément à leurs passions, et que leur méchanceté aveugle au point de trahir en même temps leur frivolité, leur scélératesse et leur ignorance.

Mais quel temps pensez-vous, monsieur, que ces gens ont pris pour attaquer notre président? Vous croyez sans doute qu'en braves champions, ils l'ont provoqué au combat pour se battre à armes égales? Non, monsieur; apprenez à connaître la lâcheté et l'indignité de leur caractère. Ils savent, et c'est un deuil pour nous, que M. de Maupertuis est depuis six mois attaqué de la poitrine, qu'il crache le sang, qu'il a de fréquentes suffocations, que sa faiblesse l'empêche de tra-