<5> éternel. Ce Dieu nous donne d'un côté ses lois, de l'autre la liberté; il nous fait les artisans non seulement de notre fortune dans le inonde, qui consiste dans le bon témoignage de notre conscience, mais encore de notre fortune dans l'immortalité, qui consiste dans la vie bienheureuse et dans la communion des fidèles.

O Dieu! que vos lois sont saintes! que leur pratique est sublime! J'y vois un commerce d'amour entre le Créateur et la créature, j'y vois une obligation ou un retour d'équité entre ces êtres, nos semblables, formés pour vivre en société. Lorsque les pharisiens et les scribes demandèrent à notre divin Sauveur en quoi consistaient la loi et les prophètes, il leur répondit : « Aimez Dieu, et aimez votre prochain. »a Voilà, mes frères, l'abrégé de nos devoirs. Tout l'univers, surtout notre propre existence, nous invite à la reconnaissance que nous devons à notre divin bienfaiteur; j'ose dire que la nécessité de vivre en corps de peuple, notre propre intérêt même, nous apprend à ne faire à nos frères que ce que nous voudrions qu'on nous fît.

Mais si la loi est si manifeste, si claire, si abrégée, que de moyens la méchanceté des hommes n'a-t-elle pas inventés pour en éluder la pratique, ou pour y trouver des exclusions! O peuple heureux, ô peuple fortuné, qui, étant né dans la seule religion véritable, étiez élevé, dès votre enfance, dans le vrai culte et dans la pratique des devoirs que l'Être suprême exige de vous, et que l'Église vous enseigne! quelle sera votre excuse d'avoir transgressé ces saintes lois qui vous étaient si connues et si familières? Avec quel front pourrez-vous vous présenter à votre Créateur, et comment oserez-vous lui dire : Nous avons tous été instruits de vos volontés, et nous avons vécu comme si nous les ignorions? Ne vous flattez pas que la moindre de vos actions reste cachée. Je veux que cet homme d'affaires trouve par son artifice le moyen de cacher à son maître son infidélité, et qu'il abuse impunément de sa confiance; je veux que ce voluptueux, cet imposteur se serve de l'amitié de son ami pour por-


a Saint Matthieu, chap. XXII, v. 36-40.