<123>bustibles où il pouvait parvenir,a sauver l'édifice embrasé, ou, si l'embrasement et l'activité du feu avaient fait trop de progrès,b préserver les bâtiments voisins, et servir tout le monde par principe de vertu et par la noble ardeur d'être utile à sa patrie.

Tant de vertus étaient consacrées par une dévotion exempte de toute hypocrisie; il avait donné son cœur à Dieu, et c'était de ce principe que découlaient les actions estimables dont je viens de vous entretenir. Jamais foi ne fut plus fervente que la sienne. De tous nos saints livres, ceux qu'il lisait avec le plus d'application et de plaisir, c'étaient les prophètes de l'Ancien Testament et l'Apocalypse de saint Jean, parce que, disait-il, il n'y comprenait rien du tout. Il souhaitait que toute la religion ne fût que mystère, pour mieux exercer sa foi; il savait captiver sa raison au point de ne jamais raisonner sur ce qu'il avait lu; rien n'était incroyable pour lui. Avec quel zèle nous l'avons vu dans ces saints lieux assister à toutes nos cérémonies religieuses avec l'humilité d'un chrétien, avec l'attention d'un disciple, avec la componction d'un régénéré, apportant dans nos temples, pour préparation aux leçons de l'Évangile, un esprit docile et une âme soumise! Il ne souffrait jamais qu'on lui parlât pendant la prédication, s'interdisaitc même l'usage du tabac, de crainte que, étant obligé de se moucher, il ne perdît le fil de nos instructions. Ah! qu'il blâmait ces mondains qui ne semblent venir dans les églises que pour étaler dans les tribunes le faste et la parure, pour voir et pour être vus, toujours distraits et toujours avec leurs pensées loin du lieu saint, où ils ne vont que par un reste de bienséance! Pour lui, on ne le voyait jamais remuer; immobile et les yeux fixés sur le pontife, il semblait goûter dans une extase anticipée toutes les douceurs de la


a Où il pouvait gagner. L. c., p. 22.

b Tant de progrès. L. c., p. 22.

c Il s'interdisait. L. c., p. 22.