<105>sagesse, de conseil, de justice et de miséricorde! qui peut vous comprendre?a Adorons, mes frères, avec soumission les voies de Dieu, sans vouloir sonder les raisons de ses décrets ineffables, et souffrons avec résignation quand il nous frappe aux endroits sensibles. C'est de lui dont nous tenons tout; s'il nous envoie des afflictions, c'est pour nous détacher du monde, c'est pour que nous ne mettions point notre confiance dans ses ouvrages, mais en lui; que nous n'aimions pas avec excès les objets créés, mais celui qui les a faits; et que nous recevions des leçons de sagesse et de modération en voyant mourir successivement ceux qui habitent avec nous dans les mêmes murs, sous les mêmes toits, ceux dont nous admirions les talents, et estimions les grandes qualités. Mais si Dieu veut que nous ne nous attachions pas trop à la créature, il ne nous défend pas d'aimer ces hommes dans lesquels il s'est complu d'imprimer des caractères de grandeur et de vertu singulière. Oui, messieurs, un cordonnier peut être né grand homme; tout métier utile par là même n'est point ignoble. La manière dont il est exercé peut l'élever encore; il y a plus de mérite à bien labourer un champ, à faire de bons draps ou des chaussures commodes, qu'à mal administrer la justice, qu'à embrouiller les finances, qu'à ne pas savoir conduire des détachements à la guerre, ou qu'à se laisser enlever la victoire par un ennemi plus vaillant ou plus habile. Il n'y a rien d'abject dans la condition d'un homme qui nous fournit des secours pour des besoins indispensables; et, en effet, qu'est-ce qui est plus nécessaire que la chaussure? Elle nous garantit contre la rudesse des pavés inégaux et raboteux, contre les intempéries des saisons, contre la malpropreté des boues et des fanges. Une chaussure mal faite révolte par sa forme désagréable; elle presse le pied, et lui donne, en le gênant, des duretés qui causent des douleurs à chaque pas que l'on fait; elle n'empêche pas l'eau d'y pénétrer et d'y occasionner, à force de refroidissement, des humeurs


a Épître aux Romains, chap. XI, v. 33.