<45>Ce ton mélodieux qui fait naître l'amour,
N'est pas chez Petrini l'ouvrage d'un seul jour.
Mille difficultés contre lui s'opposèrent;
Par ses soins redoublés ses doigts se délièrent.
Les arts sont comme Églé, dont le cœur n'est rendu
Qu'à l'amant le plus tendre et le plus assidu.
Mais sans parler des arts que notre goût cultive,
Ta constance jamais ne peut rester oisive.
Quel que soit ton destin, quel que soit ton état,
Guerrier, prêtre, commis, sujet ou potentat,
Ta vertu trouvera toujours ample matière;
Des épines sans nombre empliront ta carrière,
Le chagrin dévorant est prêt à t'assaillir,
Sans le malheur fatal tu ne saurais vieillir.
Ce Romain généreux trahi par la fortune,
Persécuté longtemps par l'envie importune,
Scipion, le grand Scipion, de Numance vainqueur,
Vit ses lauriers salis d'un infâme imposteur;
Et ce libérateur d'une ingrate patrie
D'un banc injurieux subit l'ignominie,
Sans qu'il perdît sa gloire et sa tranquillité.
Socrate, aussi stoïque et plein de fermeté,
Vida sans murmurer la coupe de ciguë;
Il sentit le trépas sans avoir l'âme émue,
En consolant encor par ses mâles discours
Ses amis désolés qui déploraient ses jours.
L'Auguste des Français vit, dans un court espace,
Dans un même tombeau les débris de sa race;
De cet arbre superbe un faible rejeton
Resta seul à Louis pour soutenir son nom.
Arbitre de la paix, arbitre de la guerre,