<53>Ces bizarres événements,
Où la cruelle politique,
Chaussant le cothurne tragique,
Se plaît à culbuter les grands,
Acteur malgré moi dès longtemps,
Quelquefois, contre mon attente,
J'entendis la voix consolante
De légers applaudissements.
A présent, de longs sifflements
Dont mon oreille s'épouvante
De toutes parts glacent mes sens.
Ah! quittons, lorsqu'il en est temps,
Ce théâtre qu'à tort l'on vante,
Et toute la troupe insolente
D'actrices, d'acteurs sans talents,
Race infâme autant qu'ignorante,
Qui n'a raison, esprit, ni sens.
Irai-je encor sur mes vieux ans
Flotter au gré de l'onde errante
Qu'agite le souffle des vents,
Ou de la fortune inconstante
Gueuser les frivoles présents;
Toujours dans la cruelle attente
De ses dons ou de ses refus,
Sentir dans mon âme flottante
Le choc des mouvements confus?
Pourrai-je, après l'expérience
De tant de malheurs superflus,
M'en retourner par imprudence
Dans l'empire de l'inconstance;
Exilé de chez ses élus,