<201>Ont tâché d'y plonger le poignard assassin.
Un lustre entier, témoin de ce sanglant ravage,
A vu renouveler le crime et mon outrage,
Et, malgré tant d'assauts, mon bras faible et tremblant
Soutenir sans secours ce trône chancelant.
Le seul peuple en Europe auquel la foi nous lie,
Triomphateur des mers, nous plaint et nous oublie.
Nœuds sacrés, mais nœuds vains entre les nations,
De l'amitié des rois douces illusions,
Nés de la politique et de la conjoncture,
Vous gardez le limon de cette source impure,
Vous éblouissez l'œil qui ne sait pas prévoir,
Et trompez qui sur vous croit fonder son espoir.
Ces nobles sentiments et cette grandeur d'âme
Que la vertu nourrit et que l'honneur enflamme
A l'esprit des traités n'ont pu s'associer.
L'intérêt y domine, et marche le premier;
Ses perfides conseils, son funeste artifice,
Au cœur des souverains altèrent la justice;
Sous le nom de Minerve il fait connaître au Roi
Comment en conscience il peut manquer de foi,
En mettant sa parole, au cas qu'il la révoque,
Sous le frivole abri d'une phrase équivoque.
Dans cette affreuse école instruit à s'avilir,
On apprend à tromper, on finit par trahir;
Les traités chez les grands sont le sceau des parjures.
Voilà d'autres amis, témoins de nos injures,
Indécis, incertains, pleins de crainte et glacés,
Faibles consolateurs de nos malheurs passés.
Ils ont dressé d'avance un pompeux cénotaphe,
Décoré de nos noms, chargé d'une épitaphe,