<188>Des bataillons l'épais brouillard
En moins d'un clin d'œil se dissipe.
Où sont ces hommes qu'ont vomis
Les bords glacés du Tanaïs,
Les marais empestés du Phase,
Ou les cavernes du Caucase?
Je n'aperçois plus d'ennemis.
Non, non, ils n'ont point de scrupule,
Ils vont fuyant vers la Vistule,
Pour cacher la honte et l'affront
Dont on a fait rougir leur front.
Qu'ils retournent dans leur repaire,
Chez les farouches animaux,
Et qu'ils déchargent leur colère
Sur cette engeance sanguinaire,
De tigres, d'ours, de lionceaux.
Pour Loudon, ce vaillant Achille,
Qui traite à présent d'imbécile
Ce Daun qu'il méprise et honnit,
Quoique du saint-père bénit,
Loudon et sa troupe dorée,
Et ses guerriers et ses archers,
Se sont une belle soirée
Blottis derrière un rocher
Où nous n'irons pas les chercher.
Tels sont les gestes véridiques,
Les faits, les exploits héroïques
Qu'ont vus les champs silésiens
Des Russes et des Prussiens.
Mais tandis que ma muse accorte
Très-succinctement vous rapporte