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ÉPITRE AU MARQUIS D'ARGENS, en lui envoyant les Lettres de Phihihua que le Roi avait composées; elles contiennent une satire du pape, qui avait envoyé au maréchal Daun une toque et une épée bénites.b

Marquis, je vais sur vos brisées;
Tantôt Suisse,8 tantôt Chinois,a
Je reste incognito sous ces formes usées,
Et débite mes billevesées
Contre ces potentats sournois,
Gens durs et de mauvais aloi.
Je révèle au public, me cachant sous un masque,
La honte d'un pontife et les crimes des rois,
Que ma plume, en jouant, par un travers fantasque,
Avec ménagement persifle quelquefois.
Je fais flèche de tous les bois;
Puisque mon fer s'émousse, il faut bien que ma plume
Me venge des affronts dont l'ennui me consume,


8 Il avait paru des Lettres d'un Suisse dans lesquelles le Roi développait la politique de la cour de Vienne. [Voyez t. XV, Mélanges littéraires, no XVIII et no XIX.]

a Voyez t. XV, Mélanges littéraires, no XX.

b Voyez t. IV, p. 253 et 254, et ci-dessus, p. 130.