<16>Et la force et l'injustice,
Y règnent au lieu de lois.

Quel démon de vous s'empare,
Monarques de l'univers?
Quelle vengeance barbare
Change nos champs en déserts?
Vos passions sacriléges
Vous attirent dans les piéges
Par les crimes apprêtés;
Vous, que le pouvoir seconde,
Nés pour le bonheur du monde,
C'est vous qui le dévastez!

Cette grandeur passagère
Dont se bouffit votre orgueil
Peut par un destin contraire
Se briser contre un écueil;
Vous êtes ce que nous sommes,
Monarques, mais toujours hommes,
Et, votre temps accompli,
La fortune de sa cime
Vous fait tomber dans l'abîme
De la mort et de l'oubli.

Faite à Grüssau, le 6 d'avril 1758. (Corrigée à Potsdam, le 26 février 1765.)