<156>Aux fous qui font pleurer les peuples et les rois
Les insensés qui les font rire.

Je vous ferai payer jusqu'au dernier sou, pour que Louis du moulina ait de quoi me faire la guerre. Ajoutez dixième au vingtième, mettez des capitations nouvelles, créez des charges pour avoir de l'argent, faites, en un mot, ce que vous voudrez. Nonobstant tous vos efforts, vous n'aurez la paix signée de mes mains qu'à des conditions honorables à ma nation. Vos gens bouffis de vanité et de sottise peuvent compter sur ces paroles sacramentales :

Cet oracle est plus sûr que celui de Calchas.b

Adieu, vivez heureux; et tandis que vous faites tous vos efforts pour détruire la Prusse, pensez que personne ne l'a jamais moins mérité que moi, ni de vous, ni de vos Français.

De Freyberg, ce 20 de mars 1760.


a Voyez t. III, p. 110, et ci-dessus, p. 126.

b Racine, Iphigénie, acte III, scène VII.