<96>Maîtres de l'univers, simulacres des dieux,
Vous, qu'un pouvoir suprême éleva jusqu'aux cieux,
Comment tolérez-vous l'infâme politique
Que dans vos cabinets la trahison pratique?
O temps! ô mœurs! ô honte! illustres scélérats!
Le ciel n'a couronné que des princes ingrats.
Ah! si l'honneur était errant, sans domicile,
Il faudrait qu'en vos cœurs il trouvât un asile,
Il faudrait retrouver chez vous la véritéa
Et toutes les vertus de la Divinité.
Les princes bienfaisants en sont la vive image;
Mais la duplicité, mutilant leur visage,
De leur couronne arrache un des plus beaux fleurons.
La bonté fait les dieux, le crime les démons :
Choisissez de ces deux, des vertus ou des vices;
Ou soyez nos tyrans, ou soyez nos délices.
Il n'est aucun milieu qui vous semble permis,
Un prince vertueux ne peut l'être à demi;
Un peuple à l'œil de lynx sans cesse vous contemple,
Vos mœurs à l'univers doivent un grand exemple;
Le public trop facile et trop tôt corrompu,
Par la contagion de vos vices imbu,
Sur vos traces .... Mais quoi! j'en dis trop, je m'égare :
Respectons dans nos vers la pourpre et la tiare.
L'honnêteté se peint de différents crayons;
Ce sont des traits de flamme et d'éclatants rayons.
Pour tromper un rival, Mazarin, par finesse,
Voulut charger Fabert d'une fausse promesse;
Mais Fabert refusa ce méprisable emploi :
« Non, pour des vérités, seigneur, réservez-moi;


a Voyez t. IV, p. 124, et t. VIII, p. 135.