<33>J'arrive enfin auprès de ton bureau;
C'est là, Jordan, que tes savantes veilles,
En cophte, en grec, t'apprennent cent merveilles
Qu'avec ardeur tu mets dans ton cerveau.
Là se trouvait l'ouvrage incognito
De l'inconnu mais fameux Abauzite;4
Là se trouvait tout le recueil nouveau
Des derniers vers que fabriqua Rousseau
Depuis le temps qu'il se fit hypocrite.
Je vis encor rangé sur tes rayons
Un gros recueil d'injures bien écrites
D'un huguenot contre les jésuites;
Je vis aussi quelques réflexions
D'un prestolet déclamant comme au prône
Contre la bêtea et contre Babylone,a
Par charité damnant les mécréants,
Pour papegauts livres édifiants.
Près d'eux était le livre des insectes,5
Enfin, la source où l'on puisa les sectes.6
Auprès de toi résidait Apollon,
Qui démeublait, pour remplir ton Lycée,
Son cabinet et même l'Hélicon.
Il appelait une ombre au haut placée;
C'était Horace, ami de la raison,
Qui, transporté du feu de son génie,


4 Professeur genevois que Jordan cite comme un grand auteur, mais que personne n'a l'honneur de connaître. [Le Roi veut parler de Firmin Abauzit, né à Uzès en 1679, mort à Genève le 20 mars 1767.]

5 Réaumur. [Voyez t. I, p. XLIII.]

6 La B..le.

a Apocalypse, chap. 17.