<118>De chaque fou recevait le tribut,
Seul revenu dont longtemps il vécut,
Lorsque la mort, qui faisait sa récolte,
En tapinois sur-le-champ l'accola,
Subitement, en un seul tour de volte,
Sur le carreau roide mort le coucha.
D'abord, grands cris; ses bonnes sœurs pleurèrent,
Et de leurs voix si fortement hurlèrent,
Qu'à ce grand bruit leurs voisins s'éveillèrent.
Un peuple entier chez le mort s'assembla;
Les plus sensés point on ne consulta,
Mais seulement les duègnes, les commères,
Qui, décidant de toutes les affaires,
Sur certain cas très-expertes, dit-on,
Quoique manquant de rime et de raison.
Dans cette foule, et parmi le tumulte
D'un grand concours de peuple curieux,
Parait soudain une figure occulte,
A l'œil hagard, à l'air fastidieux,
Bouche béante et face triste et sombre.
Du noir enfer semblait sortir cette ombre;
Chacun le prit pour un magicien,
Pour un démon, pour un antichrétien.
L'aurait-on cru? ce farfadet sinistre,
A large audace, à rabat de ministre,
Était, dit-on, grand théologien.
D'abord, du mort les deux sœurs l'entourèrent,
De les aider humblement l'invoquèrent;
Sur quoi rêvant, le bon prélat enfin,
Sans autre avis, résolument décide
Qu'en invoquant le céleste Dauphin,