<317>Qu'attendez-vous, guerriers, d'un sage capitaine?
Rhin, ennemis,a dangers, rien n'arrête Lorraine,
Charles en quatre corps sépare ses soldats;
A l'endroit où Coigny ne s'y préparait pas,
Son pont, construit soudain, seconde son audace,
Il surprend les Français, il pénètre en Alsace.
Oublierais-je, Louis, le grand jour de Tolhus,b
Ces Bataves postés, attaqués et vaincus,
Tes guerriers, dans le Rhin sous tes yeux à la nage.
Gagner en combattant l'autre bord du rivage?
C'est à de tels exploits que Mars daigne applaudir,
Un noble enthousiasme y peut seul réussir.
Si votre cœur aspire à la sublime gloire,
Sachez vaincre, et surtout user de la victoire;
Le plus grand des Romains par ses succès divers,
Le jour qu'à son pouvoir il soumit l'univers,
Sauva ses ennemis dans les champs de Pharsale.
Voyez à Fontenoi Louis, dont l'âme égale,
Douce dans ses succès, soulage les vaincus :
C'est un dieu bienfaisant dont ils sont secourus,
Ils baisent en pleurant la main qui les désarme,
Sa valeur les soumit, sa clémence les charme.
Dans le sein des fureurs la bonté trouve lieu,
Si vaincre est d'un héros, pardonner est d'un dieu.
Suivez, jeunes guerriers, ces illustres modèles :
Alors la Renommée, en étendant ses ailes,
Mêlant à ses récits vos noms et vos combats,
Portera votre gloire aux plus lointains climats.
A ce bruit, la Vertu, du haut de l'Empyrée,


a Ennemi. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 441.)

b Le fameux passage du Rhin au gué du Tolhuys eut lieu le 12 juin 1672. Voyez t. I. p. 108.