<277>Du fils d'Anchise un temps balança les destins.
Monts de Dyrrachium, où Rome était campée,
Vous forçâtes César à respecter Pompée.
Sans risquer de combat, maître de la hauteur,
Le sénat triomphait, Pompée était vainqueur;
Mais trop facile aux vœux d'une jeunesse ardente,
Lasse de ses travaux, valeureuse, imprudente,
Il quitta sans raisona son poste avantageux;
Que Mars lui fit sentir des destins rigoureux
Dans ce jour décisif, dans ce combat unique
Où César soumit Rome au pouvoir despotique!
Vous, Montécuculi, l'égal de ce Romain,
Vous, sage défenseur de l'Empire et du Rhin,
Qui tîntes par vos camps, en savant capitaine,
La fortune en suspens entre vous et Turenne,
Mes vers oublieraient-ils vos immortels exploits?
Ah! Mars pour les chanter ranimerait ma voix.
Venez, jeunes guerriers, admirez sa campagne,
Où ses marches, ses camps sauvèrent l'Allemagne,
Où, se montrant toujours dans des postes nouveaux,
Il contint les Français, et brava leurs travaux.
Mais ne présumez pas qu'il se tînt immobile :
Quoiqu'un camp vous paraisse une superbe ville,
La guerre veut souvent d'autres positions;
Il faut sur l'ennemi régler ses actions,
Le prévenir partout, occuper un passage,
Marcher rapidement, saisir son avantage,
Se retirer sans perte, avancer à propos,
Et toujours l'occuper par des desseins nouveaux.
Quand par ordre du chef le vieux camp s'abandonne,


a A peine quitta-t-il. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 378.)