<264>Avant que de traiter ces matières sublimes,
Il faut vous arrêter aux premières maximes.
Ainsi, quand l'aigle enseigne à ses jeunes aiglons
A diriger leur vol au champ des aquilons,
Couverts à peine encor d'une plume nouvelle,
La mère, en s'élevant, les porte sur son aile.
O vous, jeunes guerriers qui, brûlant de valeur,
Prêts à vous signaler dans les champs de l'honneur,
Vous arrachez aux bras d'une plaintive mère,
N'allez point vous flatter, novices à la guerre,
Que vous débuterez par d'immortels exploits.
Passez, sans en rougir, par les derniers emplois :
Durement exercés dans un travail pénible,
Du fusil menaçant portez le poids terrible;
Rendez votre corps souple à tous les mouvements
Que le dieu des guerriers enseigne à ses enfants;
Tous fermes dans vos rangs, en silence, immobiles,
L'œil fixé sur le chef, à ses ordres dociles,
Attentifs à sa voix, s'il commande, agissez,
En mouvements égaux à l'instant exercez,
Apprenez à charger vos tubes homicides,
Avancez fièrement, à grands pas intrépides,
Sans flotter, sans ouvrir et sans rompre vos rangs,
Tirez par pelotons, en observant vos temps;
Prompts sans inquiétude, et pleins de vigilance
Aux postes dont sur vous doit rouler la défense,
Attendez le signal, et marchez sans tarder :
Qui ne sait obéir ne saura commander.
Tel, sous Louis de Bade exerçant son courage,
Finck25 de l'art des héros a fait l'apprentissage.


25 Le maréchal Finck, mort en 1736. [1735. Voyez t. I, p. 137 et 216.]