<220>Usurpe biens et droits sur le fils légitime,
A l'abri d'un faux nom réunissant sur lui,
Malgré toutes les lois, l'héritage d'autrui.
Vous direz qu'un mari se rit de cet échange,
Et que le talion avec plaisir le venge.
Soit, mais l'ordre établi n'en est-il pas troublé,
Quand un crime produit un crime redoublé?
Quel usage du temps! indignes Sybarites,
Vos amoureux larcins sont donc tous vos mérites!
Supposons qu'un galant favorisé du sort
Atteignît dans sa course aux ans du vieux Nestor,
Examinons tous deux la vie irrégulière
Qu'on lui verrait mener dans sa longue carrière.
De sa jeunesse ardente il donnera les jours
Aux charmes inconstants des frivoles amours;
Mais puni des excès de sa flamme légère,
De ses fougueux écarts emportant le salaire,
Il quitte la roture, et dans un plus beau champ,
Des femmes de la cour il grossit son roman;
Il intrigue, il tracasse, il entreprend, il tente,
Il abuse à son gré d'une fille innocente,
Il remplace l'amour, dont il est moins séduit,
Par l'éclat indécent, le scandale et le bruit,
Là, se prêtant aux goûts d'une femme quinteuse,
Ici, se ruinant pour plaire à la joueuse,
Bientôt par la coquette adroitement trompé,
Et désigné du doigt par le monde attroupé.
Enfin, par ce désordre usé même avant l'âge,
N'ayant plus de l'amour que le flatteur langage,
Et gardant pour le sexe un goût enraciné,
Il régnait autrefois, je le vois enchaîné;