<164>Sans savoir la raison de leur haine cruelle,
D'un des rois le vulgaire embrasse la querelle.
J'ai vu de nos Germains le bon sens perverti,
Plein d'un instinct aveugle, embrasser un parti,
De l'Autriche oublier l'insolent despotisme,
En faveur de Thérèse outrer le fanatisme,
Détester Charles sept, Prussiens, Bavarois,
Et du Lorrain vaincu prôner les grands exploits.
O le plaisant projet de ce peuple caustique,
Qui reprend un héros sur l'art de la tactique,
Qui veut juger d'un camp, n'en ayant jamais vu,
Et dispose un combat sans avoir combattu!
Chacun, jusqu'au beau sexe, en ces graves matières
Croit pouvoir décider par ses propres lumières;
Devant son tribunal, ministres, généraux,
Et les rois agresseurs, et les rois leurs rivaux,
Reçoivent leur arrêt en moins d'une minute,
Et la navette en main, l'on juge de leur chute.
Dans cet aréopage on décide des noms,
On élève, on détruit les réputations;
La vertu, les talents, le sceptre, la tiare,
Il n'est rien qu'on épargne en ce siècle bizarre.
Ce digne protecteur des arts et des talents,
A qui la France a dû ses destins florissants,
Colbert, de l'industrie et le moteur et l'âme,
Souffrit après sa mort un traitement infâme.a
Louis, qui dans l'Europe étala sa grandeur,
Bienfaisant dans sa cour, terrible à l'Empereur,
Louis, que les travaux, les arts et la victoire


a Voyez ci-dessus, p. 6.