<119>Ces ouvrages parfaits, poussés au clair-obscur,
Couvrent dans vos palais la nudité du mur.
Vos yeux pour leurs beautés sont pleins d'indifférence.
A quoi servent ces biens sans goût, sans connaissance?
Il faut avoir sur eux quelque érudition,
Ou bien point de plaisir dans leur possession.
Ah! si dans vos grands biens vous voulez vous complaire,
Qu'un sentiment plus fin sur les arts vous éclaire;
Ajoutez au bonheur un goût plus raffiné,
Apprenez à connaître, ô mortel fortuné!
De quel prix est pour vous l'industrie et l'ouvrage;
Du moins à ces travaux donnez votre suffrage.
Mais je parle des arts du ton d'un amateur.
La moindre attention lasse votre grandeur,
Vos sens sont engourdis, vous sortez d'une fête,
Les vapeurs du dîner vous montent à la tête.
Vous allez digérer dans un profond repos,
La mollesse déjà vous couvre de pavots;
Vous allez vous livrer, fatigué de la table,
Sur ce sofa commode, au sommeil délectable.
Ou bien, sans y penser, je vous vois parcourir
Des obscènes romans, ennuyeux à mourir,
Œuvres qui de nos temps dénotent les misères,
Et partagent le sort d'insectes éphémères;
Vous lisez ces écrits, de votre propre aveu,
Pour tuer les moments jusqu'à l'heure du jeu;
Cette heure sonne enfin, votre carillon chante.
Savez-vous comme on rend cette montre agissante,
Par quels moyens secrets ses ressorts différents
Travaillent de concert à mesurer le temps?
Comment sur son cadran, en tournant en silence,