<XIX>édition s'annonce elle-même au lecteur comme les prémices d'un jeune homme, qui demande modestement qu'on ait de l'indulgence pour son ouvrage.

M. de Francheville, qui connaissait à fond la littérature de son temps, avait été chargé par Voltaire, en 1751, de soigner la première édition du Siècle de Louis XIV, et par Frédéric le Grand de surveiller l'impression des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, ainsi que de l'Extrait tiré des Commentaires du chevalier Folard sur l'Histoire de Polybe. Voyez Œuvres de Voltaire, édition Beuchot, t. XX, p. 542, et t. LV, p. 699; Correspondance entre Frédéric II et le marquis d'Argens, A Königsberg, 1798, t. I, p. 48; et Friedrich der Grosse als Schriftsteller, par J.-D.-E Preuss, p. 252.

Il existe encore deux autorités très-respectables en faveur de notre conviction relativement au véritable auteur du Discours sur la guerre. Ce sont les Nouveaux Mémoires de l'Académie royale des sciences et belles-lettres. Année 1771; et l'abbé Denina, La Prusse littéraire sous Frédéric II. A Berlin, 1790, t. I, p. 300 (Article Guillaume-Adolphe, prince de Brunswic). Le premier de ces recueils renferme, entre autres, un Éloge du prince Guillaume-Adolphe de Brunswic où l'on trouve ce passage, p. 38 : « Il aimait la guerre au point d'en être le panégyriste. Et quoiqu'il ait soutenu un paradoxe dans le petit écrit où il la présente comme un bien, comme une source d'avantages, il a su au moins lui donner une face spécieuse. » Voici ce que le second déclare : « Le premier essai de ses occupations littéraires fut une traduction de Salluste, qui mérita l'approbation du Roi son oncle. Il fit ensuite un Discours sur la guerre, pour faire sa cour au Roi, dans l'armée duquel il avait aussi pris service. »

Au reste, à l'époque même où l'auteur du Discours s'érigeait en panégyriste de la gloire militaire, le héros de la guerre de sept ans exprimait de tout autres idées dans les dernières lignes du récit qu'il a fait de cette mémorable lutte. Après en avoir exposé les misères et les désastreux effets, il ajoute : « Veuille le ciel que le destin inaltérable et florissant de cet État mette les souverains qui le gouverneront, à l'abri des fléaux et des calamités dont la Prusse a souffert dans ces temps de subversion et de troubles. » Il est bien clair que Frédéric, heureux d'avoir conclu la paix de Hubertsbourg, n'aurait pas choisi ce moment pour faire l'éloge de la guerre, dont il savait peindre les désastres avec tant d'énergie. Il est beaucoup plus naturel d'attribuer le Discours sur la guerre à un jeune prince désireux de manifester ainsi son esprit belliqueux à son entrée dans la carrière des armes. Le prince Guillaume-Adolphe, né le 18 mai 1745, devint colonel prussien le 25 juin 1763; le 29 juillet suivant, chef du régiment d'infanterie no 39, en garnison à Königsberg dans la Nouvelle-Marche,