<88>qu'à la longue un esprit de combinaison l'emporte sur une audace téméraire.

Il faudrait, pour former un parfait capitaine, qu'il réunît le courage, la constance, l'activité de Charles XII, le coup d'œil et la politique de Marlborough, les projets, les ressources, la capacité du prince Eugène, les ruses de Luxembourg, la sagesse, la méthode, la circonspection de Montécuculi, à l'à-propos de M. de Turenne. Mais je crois que ce beau phénix ne paraîtra jamais.

L'on prétend qu'Alexandre a fait Charles XII. Si cela est, Charles a fait le prince Édouard;a s'il arrive par hasard à celui-ci d'en faire un autre, ce ne sera tout au plus qu'un Don Quichotte.

Mais, dira-t-on, de quel droit vous érigez-vous en censeur des plus illustres guerriers? Avez-vous pris pour vous-même, grand critique, les leçons que vous leur prodiguez si libéralement? Hélas! non; je n'ai à faire à ceci qu'une réponse : Nous sommes frappés des fautes d'autrui, tandis que nos propres défauts nous échappent.


a Charles-Édouard. Voyez t. III, p. 48 et 164.