<51>en grande estime pour ses talents, et, de plus, que la république d'Athènes le revêtit des charges les plus considérables. Tout le monde sait combien Eschine, Périclès, Démosthène furent estimés, et que Périclès sauva deux fois la vie à Diagoras, la première, en le garantissant contre la fureur des sophistes, et la seconde fois, en l'assistant par ses bienfaits. Quiconque en Grèce avait des talents, était sûr de trouver des admirateurs et même des enthousiastes; c'étaient ces puissants encouragements qui développaient les génies, et qui donnaient aux esprits cet essor qui les élève, et qui leur fait franchir les bornes de la médiocrité. Quelle émulation n'était-ce pas pour les philosophes que d'apprendre que Philippe de Macédoine choisit Aristote comme le seul précepteur digne d'élever Alexandre! Dans ce beau siècle, tout mérite avait sa récompense, tout talent ses honneurs; les bons auteurs étaient distingués; les ouvrages de Thucydide, de Xénophon se trouvaient entre les mains de tout le monde; enfin chaque citoyen semblait participer à la célébrité de ces génies qui élevèrent alors le nom de la Grèce au-dessus de celui de tous les autres peuples.

Bientôt après, Rome nous fournit un spectacle semblable : on y voit Cicéron, qui, par son esprit philosophique et par son éloquence, s'éleva au comble des honneurs; Lucrèce ne vécut pas assez pour jouir de sa réputation; Virgile et Horace furent honorés des suffrages de ce peuple-roi; ils furent admis aux familiarités d'Auguste, et participèrent aux récompenses que ce tyran adroit répandait sur ceux qui, célébrant ses vertus, faisaient illusion sur ses vices.

A l'époque de la renaissance des lettres dans notre Occident, l'on se rappelle avec plaisir l'empressement avec lequel les Médicis et quelques souverains pontifes accueillirent