<10>

ÉLOGE DE M. DUHAN.

Charles-Égidea Duhan de Jandun naquit le 14 mars 1685, à Jandun en Champagne, de Philippe Duhan, sieur de Jandun, et de dame Marie d'Auger, d'une maison originaire d'Italie et qui s'y était distinguée. Son grand-père maternel avait été gouverneur pour le Roi des citadelles de Mézières et de Charleville, et son père fut honoré de la charge de conseiller d'État et privé; mais il quitta en 1687 ses emplois et ses établissements pour venir jouir à Berlin du libre exercice de la religion protestante, et y fut suivi, peu après, de son épouse et de son fils.

M. Duhan, guidé par son père dans ses premières études, les fit avec succès sous M. La Croze. Il entra ensuite en philosophie sous M. Naudé.b Ses progrès dans cette science ne furent pas moins rapides que ceux qu'il avait faits dans l'éloquence et dans les belles-lettres. Il fut honoré des attentions de ses maîtres, et elles pouvaient tenir lieu d'une louange non équivoque. Ces hommes célèbres ne les accordaient qu'au mérite.

M. Duhan cultivait les lettres avec tant de soin, que l'on aurait pu penser que son goût pour elles excluait chez lui tous les


a Jacques-Égide.

b Il n'y a point eu de Naudé professeur de philosophie. Le professeur de mathématiques de ce nom était né la même année que M. Duhan; il fut toujours son ami intime, et mourut un an avant lui, en janvier 1745.