<194>et les bénédictions de tous nos sujets, la conservation de tant d'hommes, seront les plus beaux trophées qu'on pourrait acquérir; et il n'appartient à en sentir la valeur qu'à ceux qui, comme elle, apprécient le prix de rendre les hommes heureux.

Votre Majesté, en me parlant des moyens pour conserver la paix, paraît vouloir faire la guerre à ma raison par les compliments trop flatteurs qu'elle me fait, et qui devraient me tourner la tête, si je ne connaissais tout ce qui me manque en expérience et talents. Éloigné de toute vanité et du plaisir d'être prôné, par caractère, je lui avouerai néanmoins que je ne puis être insensible à l'estime et à l'approbation d'un bon juge comme elle. Je la prie de vouloir bien être persuadée des sentiments de la plus haute et parfaite considération et sincère amitié que je lui ai voués personnellement pour la vie, étant,



Monsieur mon frère,

de Votre Majesté
le bon frère et cousin,
Joseph.

VI. LETTRE DE LA PROPRE MAIN DU ROI A L'EMPEREUR.

De Schönwalde, le 20 avril 1778.



Monsieur mon frère,

Rien ne peut être plus glorieux pour Votre Majesté Impériale que la résolution qu'elle daigne prendre d'essayer à conjurer l'orage qui se prépare, et qui menace tant de peuples innocents. Les succès, Sire, que les plus illustres guerriers ont sur leurs ennemis, se partagent entre bien des têtes, qui, par leur valeur et leur conduite, y concourent. Mais les bienfaits des souverains envers l'humanité leur sont uniquement attribués, parce qu'ils tiennent à la bonté de leur caractère, comme à l'élévation de leur génie. Il n'est aucune espèce de réputation à laquelle Votre Ma-