<94>Vous voyez par cet exposé combien les connaissances d'un vrai général doivent être variées. Il faut qu'il ait des idées justes de la politique, pour être au fait de l'intention des princes, des forces des États, de leurs liaisons, pour savoir le nombre des troupes qu'eux et leurs alliés peuvent mettre en campagne, et pour juger de l'état des finances. La connaissance du pays où il doit porter la guerre sert de base à tous les projets qu'il veut former; il doit avoir la force de se représenter tous les obstacles que l'ennemi peut lui opposer, pour les prévenir d'avance. Il faut surtout qu'il accoutume son esprit à lui fournir une foule d'expédients, de moyens et de ressources en cas de besoin. Tout cela demande de l'étude et de l'exercice. Pour quiconque se destine au métier de la guerre, la paix doit être un temps de méditation, et la guerre l'époque où il met ses études en exécution.a

Scriptum in dolore, 1er décembre 1775.

Federic.


a Voyez t. VI, p. 105; t. XXVIII, p. 3 et 169.