<58>ser dans cette occasion, mais poursuivre sa marche tout de suite; s'arrêter, c'est sacrifier du monde mal à propos. Les pandours, de leur côté, se jettent à terre, et tirent des coups que l'on ne voit pas d'où ils partent, et, lorsque la marche de l'armée oblige l'arrière-garde et les pelotons détachés de la suivre et de quitter leurs hauteurs, les pandours s'en emparent, et, étant à couvert, ils tirent de là sur la marche de ceux qui se retirent; et, comme ils sont éparpillés et cachés derrière des hauteurs ou des arbres, ou bien couchés par terre, le feu de peloton ni le canon chargé de mitraille ne peut leur faire grand mal. J ai fait deux retraites pareilles l'année 1745, l'unea par le fond de Liebenthal, pour marcher à Staudenz, l'autre de Trautenau à Schatzlar,a où, malgré toutes les précautions imaginables, nous eûmes dans la première soixante morts et blessés, et dans la seconde plus de deux cents. Lorsque les retraites se font par des chemins difficiles, il faut faire de petites marches, pour les expédier plus vite et avoir le temps de prendre d'autant mieux ses précautions. Un mille d'Allemagne doit être la plus longue marche. Alors, comme on n'est pas pressé, on peut quelquefois donner la chasse aux pandours, principalement lorsqu'ils ont l'imprudence de se fourrer dans des bouquets de bois que l'on peut tourner.

ARTICLE XIX. COMMENT IL CONVENT AUX PRUSSIENS DE TRAITER LES TROUPES LÉGÈRES LORSQU'ON AGIT OFFENSIVEMENT CONTRE ELLES.

Notre façon d'occuper un poste que les troupes légères tiennent est de les brusquer. Comme leur façon de combattre est de s'éparpiller, ils ne peuvent tenir contre des troupes réglées; on ne les marchande pas du tout, on jette simplement quelques troupes sur les flancs du corps qui marche à eux, pour les couvrir, et, en ne les marchandant point, on les fait plier où l'on veut. Nos hussards et nos dragons les attaquent serrés et le sabre à la main.


a Voyez t. III, p. 148 et suivantes.