<48>langue du pays). Le bourgeois est obligé de le prendre comme son cocher, et de se rendre au camp des ennemis sous prétexte de se plaindre des violences que vous lui faites souffrir; et, s'il ne ramène pas votre homme après avoir séjourné dans le camp ennemi, vous le menacez de faire égorger sa femme et ses enfants et de faire brûler et piller sa maison. J'ai été obligé de me servir de ce moyen lorsque nous étions au camp de Chlum,a et cela me réussit. J'ajoute à ceci qu'il faut être d'une libéralité prodigue envers les espions. Un homme qui risque la corde pour votre service mérite bien d'être récompensé.

ARTICLE XV. DES MARQUES CARACTÉRISTIQUES PAR LESQUELLES ON PEUT DEVINER LES INTENTIONS DES ENNEMIS.

La chose qui découvre le plus sûrement le dessein de l'ennemi avant l'ouverture de la campagne est la forme qu'il donne aux dépôts de ses vivres : par exemple, lorsque les Autrichiens forment leurs magasins à Olmütz, on peut compter que leur dessein est d'attaquer la Haute-Silésie; lorsqu'ils les forment à Königingrätz, alors le côté de Schweidnitz est menacé. Lorsque les Saxons voulurent attaquer l'Électorat, leurs magasins indiquaient le chemin qu'ils voulaient tenir, car leurs dépôts étaient à Zittau, à Görlitz, à Guben, ce qui tombait droit sur Crossen. C'est donc la première nouvelle qu'il faut apprendre : où l'ennemi forme-t-il ses magasins? Les Français, pour ôter encore cette connaissance aux alliés, ont de doubles amas de vivres, les uns sur la Meuse, et les autres sur l'Escaut. Quand les Autrichiens sont en campagne, on peut deviner les jours qu'ils marcheront; car un usage dont ils ne s'écartent jamais, c'est de faire cuire le soldat tous les jours de marche. Ainsi donc, lorsqu'on voit dans leur camp beaucoup de fumée avant midi, à cinq ou huit heures du matin, on peut compter qu'ils feront un mouvement le même jour. Toutes les fois que les Autrichiens veulent se battre, ils retirent


a Voyez ci-dessus, p. 33.