<46>le genre de guerre des partis ou des détachements dans mes Institutions militaires,b je renvoie ceux qui voudront s'en rafraîchir la mémoire à ce livre même, n'y pouvant rien ajouter.c

ARTICLE XIV. DES ESPIONS, DE L'USAGE QU'ON EN PEUT FAIRE DANS TOUS LES CAS, ET COMMENT ON APPREND DES NOUVELLES DE L'ENNEMI.

Si l'on savait toujours les desseins des ennemis d'avance, avec une armée inférieure on leur serait supérieur. Tous ceux qui commandent des armées travaillent à se procurer cet avantage; mais ils n'y réussissent pas tous. Il y a quatre sortes d'espions : les petites gens qui se mêlent de ce métier, les doubles espions, les espions de conséquence, et ceux enfin qu'on oblige par violence à ce malheureux emploi.

Les petites gens, c'est-à-dire les bourgeois qu'on envoie dans le camp ennemi, les paysans, les prêtres, etc., ne peuvent être employés qu'à savoir l'endroit où l'ennemi campe. La plupart de leurs rapports sont si embrouillés et si confus, qu'ils rendent plus incertain qu'on ne le serait dans la plus profonde ignorance. La déposition des déserteurs n'est guère plus instructive; les soldats savent la nouvelle de leur régiment et pas davantage, et les hussards, étant toujours commandés sur les devants de l'armée, ne savent quelquefois pas même où elle campe. Cependant on


b Voyez Reglement vor die Königl. Preussische Cavallerie-Regimenter, p. 258-262 : Was die Officiers, wann sie auf Parteien ausgeschicket werden, zu observiren haben.

c La traduction ajoute, p. 83 : Was die Kunst anbetrifft den Feind zu obligiren um Detachements zu machen, so kann man nur, um sich eine ganz neuerliche Idee davon zu machen, die schöne Campagne lesen, welche der Maréchal von Luxembourg gegen den König von England in Flandern gethan, und welche sich mit der Bataille von Landen oder von Neerwinde, 1693, endigte. Frédéric parle probablement de l'Histoire militaire de Flandre, ou Campagnes du maréchal de Luxembourg, depuis 1690 jusqu'en 1694, par M. de Beaurain (ou plutôt par le comte de Boisgelin).