<76>y avait des Suédois en Suède, ils seraient tous du même avis pour le bien du royaume; mais les corruptions étrangères ont trop perverti l'esprit national, et une des plus difficiles attentions de son règne sera de tempérer les deux partis, pour qu'ils ne s'entre-déchirent pas. Cette balance à tenir d'une main toujours sûre n'est pas aisée en politique, et c'est pourquoi elle est digne d'entrer dans les projets de V. M. Je serais très-content de moi-même, si j'avais pu parvenir à tranquilliser des esprits effarouchés de ce qu'ils imaginaient des desseins de V. M. sans les connaître. J'ai assuré, sur ce qu'elle m'a dit elle-même, qu'il n'y avait point de nouveau traité de conclu avec la France, que V. M. n'avait aucunement le dessein de renverser les constitutions de son royaume, et qu'elle m'avait paru dans la ferme intention de cultiver autant qu'elle pourrait la bonne amitié de ses voisins. J'ai écrit en Russie que son intention avait été de finir son voyage par Pétersbourg pour retourner à Stockholm, ce que la mort du défunt roi avait dérangé. Enfin j'ai tâché d'affaiblir toutes les impressions contraires à ses sentiments et à la vérité qui commençaient à se répandre, et je n'ai fait en cela que ce qui est d'un honnête homme, dont la conduite doit tendre à concilier les esprits et non à les aigrir. J'espère que les petits nuages domestiques se dissiperont aussi insensiblement, et que V. M. jouira d'une fortune aussi douce que la position actuelle où elle se trouve le comporte. Mes vœux seront toujours pour toutes les choses qui pourront contribuer à sa prospérité, l'assurant des sentiments d'estime et de tendresse avec lesquels je suis, etc.

5. AU MÊME.

Le 3 juillet 1772.



Monsieur mon frère,

Le général de Spens vient de me rendre les lettres de Votre Majesté et de me remettre l'ordre du feu roi son père, ainsi que