<62>vous vous êtes laissé séduire par le sieur de Schulenbourg et par d'autres Hanovriens. Il ne fallait point aller à Celle, mais sur Nienbourg. De pareilles opérations veulent être menées avec vigueur. A présent l'affaire est gâtée; celle de Lehwaldt en Poméranie ira mieux. Il fallait attaquer l'ennemi et lui tomber vertement sur le corps. Le temps que vous perdez, l'ennemi l'emploiera utilement à se renforcer, et ensuite vous aurez double peine et double risque. Voilà ce que c'est que d'avoir suivi de mauvais conseils.b

Rien ne pouvait venir plus mal à propos que ce que vous avez fait. Voilà tout ce que la douleur me permet de vous dire.c

3. AU MÊME.

Breslau, 26 janvier 1758.

Je suis obligé de me régler sur vous pour mon projet de campagne. Pour l'amour de Dieu, faites que vos coïons mordent bien. Le prince de Holsteina vous mène dix escadrons de dragons et cinq de hussards; mais ces gens en valent trente de l'ennemi. Le prince de Holstein est un excellent général de cavalerie, auquel vous pouvez confier tout ce que vous ne pouvez pas exécuter vous-même. Si ce que vous savez réussit, je pourrai, dès que je serai débarrassé des Suédois, vous épauler davantage. Mais vous devez comprendre que je me dois primo débarrasser de ces gens-là, pour n'avoir ni ne laisser rien à dos, ce qui serait très-imprudent.


b De la main d'un secrétaire.

c De la main du Roi.

a George-Louis, duc de Holstein-Gottorp, lieutenant-général, né en 1719. Voyez t. IV, p. 211.