<142>et, pendant sept années consécutives, les Autrichiens, Russes et Français nous ont fait tant danser, que nous avons un peu perdu le goût de la danse théâtrale, ou du moins que nous en bornons la dépense. Ce sont les raisons, madame, qui nous bornent à ce que nous avons; ni plus ni moins, je vous ai autant d'obligation, madame, que si de vos bontés je tenais les plus beaux ballets de l'univers. Il me suffit de votre intention, à laquelle je réponds par une estime parfaite et l'attachement avec lequel je suis, madame ma cousine, etc.

12. A LA MÊME.

Potsdam, 7 mai 1772.



Madame ma cousine,

Il se présente une occasion favorable, madame, pour l'établissement d'une des princesses vos filles. J'ai cru, comme de raison, qu'avant tout il fallait consulter sur cet article la volonté d'une mère respectable. Il ne s'agit pas, madame, d'une bagatelle, mais de placer, ou non, une de vos filles sur le trône de Russie. La chose est très-faisable. J'avoue que ces grandes fortunes sont toujours sujettes à quelques hasards. Cependant il y a plutôt à parier que les choses tourneront bien, qu'elles prennent un tour fâcheux. V. A. jugera elle-même quel avantage sa maison pourrait retirer d'un pareil établissement. Je la prie de vouloir se consulter là-dessus, et de me faire savoir ensuite sa résolution. Il n'y a point de temps à perdre, et je suis presque sûr de faire réussir la chose, si, madame, vous l'approuvez. Je me trouverai heureux si, en saisissant cette occasion qui se présente, je puis, madame, vous rendre quelques services et vous donner des marques de l'estime et de la considération avec laquelle je suis, etc.