<105>pour la nouvelle année et bien d'autres suivantes, étant avec une tendre affection et toute l'estime possible, etc.

10. AU MÊME.

Le 1er janvier 1769.



Monsieur mon cousin,

Je souhaite à Votre Altesse pour la nouvelle année tout ce que je désire pour elle chaque jour de ma vie, savoir, de la santé, du contentement et toutes les prospérités qu'elle mérite. Je la remercie de la part obligeante qu'elle prend à ma personne. Du moins pouvez-vous être persuadé, mon cher prince, qu'on ne saurait s'intéresser plus à ce qui vous regarde que je le fais. Vous vous plaisez à excuser la cour de France des insolences de son ambassadeur; cependant Choiseula est un original qui ne le cède pas au sieur de Breteuil, et je crois que, en fait de prétentions, de chimères, de hauteur et de fierté, Choiseul est très-capable d'endoctriner M. son ambassadeur. Si mon approbation peut être de quelque poids, j'avoue que je la donne sans réserve à la conduite que vous avez tenue vis-à-vis de ce singulier personnage. Je désirerais encore, pour que cela fût parlait, que la république épousât la cause de son chef, et qu'elle fît connaître à la cour de France qu'elle ne voyait point avec des yeux indifférents les étranges procédés de son ambassadeur. Je suis persuadé qu'une déclaration pareille ferait son effet à la cour de Versailles, et que l'ambassadeur mettrait de l'eau dans son vin; car c'est s'abuser de penser que la France se trouve dans une situation à donner des lois à l'Europe. Jamais elle n'a été plus bas; ses finances ruinées, sa marine peu rétablie, ses forces de terre réduites à quatre-vingt mille hommes, est-ce là un épouvantail pour la république de Hollande? Il n'y a qu'à parler avec


a Voyez t. XIV, p. 200-210.