275. A LA MÊME.

(Ermitage) ce 20 (juin 1754).



Ma très-chère sœur,

Je pars d'ici comblé de vos bontés; je quitte le séjour de la paix et de l'amitié pour celui du trouble et des soucis. Mes regrets ne finiraient point, si je ne croyais pouvoir vous rendre quelque service en vous envoyant notre esculape. Tous mes vœux tendront à le faire réussir dans cette cure. Ayez soin, ma chère sœur, d'une santé dont dépend le bonheur de ma vie. Vous qui connaissez si bien l'amitié, et jusqu'où va la force des sentiments, jugez de mon cœur par le vôtre, et ayez, je vous en conjure, tous les ménagements pour ce corps faible et cette santé délicate à laquelle est jointe une aussi belle âme. Je ferai vos excuses à la Reine douairière de ce que vous ne lui pouvez écrire; je ferai vos compliments à tout le monde, sachant à peu près ce que vous leur auriez fait dire, et je conserverai toute ma vie le souvenir des jours heureux que j'ai passés chez vous, auxquels il n'a manqué que de vous voir en parfaite santé. Ma personne vous quitte; mais vous gardez le cœur de celui qui sera jusqu'à la fin de ses jours, ma très-chère sœur, etc.