<96>

100. A LA MÊME.

Ruppin, 27 novembre 1740.



Ma très-chère sœur,

Vous possédez l'art de la parole et celui d'écrire; vous amplifiez si obligeamment le peu d'attentions que j'ai eues pour ce qui pouvait vous être agréable, que vous me persuaderiez presque que j'ai rempli les devoirs d'un frère et d'un hôte envers vous. Mais, ma très-chère sœur, permettez-moi de vous dire que je sens bien, malgré votre indulgence, à quoi j'ai manqué. Vous ne devez cependant le mettre que sur le compte de ma maladie, car le cœur n'y a eu aucune part. Je plains beaucoup la pauvre madame d'Arnim,a que la mort a moissonnée avant le temps; c'est le sort de toutes les bonnes choses d'avoir des charmes et peu de durée. Je m'en aperçois, étant privé du plaisir de votre aimable compagnie, et il me semble que le bonheur de ma vie n'a duré qu'un moment. Je vous embrasse de tout mon cœur, ma très-chère sœur, vous priant d'être persuadée de la tendresse infinie et de l'estime avec laquelle je suis, etc.

Si cette lettre n'arrive pas après le départ du Margrave,a j'ose vous prier de lui faire mes compliments de tout mon cœur.

101. A LA MÊME.

Herrendorf, proche de Glogau,
23 décembre 1740.



Ma très-chère sœur,

Je suis ravi de vous savoir contente de votre séjour de Berlin. Je ne négligerai jamais rien, de mon côté, de tout ce qui pourra


a Voyez ci-dessus, p. 60.

a Mémoires, t. II, p. 304.