<65>quelque utilité; mais rien ne m'est plus insupportable que de ne vous être bon à rien.

Votre cher esprit, qui daigne m'accompagner, est sans doute mon génie heureux, comme l'ont soutenu quelques philosophes, que chacun avait un génie protecteur et un génie envieux de son bonheur.

Oui, je suis protégé par ce puissant génie,
Mes yeux sont éclairés du feu de son esprit;
Plus que par Apollon, Minerve et Uranie,
Dans le sentier du vrai par vous je suis conduit.

Pardon de ces vers, ma chère sœur; ce sont plutôt des enfants de mes sentiments que des fruits de mon esprit.

Je ne souhaite rien avec tant d'ardeur que d'avoir bientôt de bonnes nouvelles de votre santé. J'espère que le ciel ne m'enviera point cette satisfaction-là, et que l'habileté du sieur Superville me rendra salutare meum.a

Je suis avec toute la tendresse imaginable, et avec ces sentiments qui sont inconnus à tous ceux qui ne savent point aimer, ma très-chère sœur, etc.

65. A LA MÊME.

Berlin, 4 juillet 1739.



Ma très-chère sœur,

Le Margrave nous a surpris le plus agréablement du monde en venant d'une manière inattendue. Le Roi en a été charmé, et j'espère qu'il sera content de sa réception et de la manière dont on en agit envers lui. On lui a accordé tout ce qu'il a souhaité;b ainsi je me flatte que ce voyage du Margrave ne contribuera pas moins à votre satisfaction qu'à votre santé.

Je vous rends mille grâces de la belle pendule que vous avez


a Voyez t. XXI, p. 253.

b Mémoires de la Margrave, t. II, p. 282-284.