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52. A LA MÊME.

Berlin, 10 janvier 1738.



Ma très-chère sœur,

Vos occupations sont charmantes, ma très-chère sœur; je suis persuadé qu'il n'y a rien de plus joli que Baireuth, depuis que vous y régnez. Vous savez si bien distribuer votre temps, qu'il ne se rencontre jamais de vide, et vous partagez entre l'utile et l'agréable, de façon qu'aucun des deux n'a lieu de se plaindre. Le Roi est parti hier pour Potsdam; tout le monde se met ici en dévotion. Je ne sais ce qu'ils ont fait; mais ils m'ont dit qu'ils veulent se repentir dimanche de tous leurs péchés. On m'a annoncé que j'en devais faire autant dans huit jours.a Pour moi, qui suis assez bon garçon, je consens à tout, quoique je ne me sente guère contrit. La belle Schulenbourg vient de se marier;b je sens bien que son idée règne plus dans mon esprit que le dogme que l'école enseigne de la transsubstantiation. En voilà suffisamment pour vous amuser, pourvu qu'il n'y ait pas de quoi vous scandaliser. Pardonnez-moi mes petites libertés en faveur de la parfaite estime avec laquelle je fais profession d'être à jamais, ma très-chère sœur, etc.

53. A LA MÊME.

Remusberg, 2 février 1738.



Ma très-chère sœur,

Vous avez bien de la bonté de vouloir me communiquer ce que le Roi vous a écrit sur mon sujet. Voulez-vous que je vous ex-


a Voyez t. XVI, p. 158.

b Anne-Elisabeth, fille aînée du général Adolphe-Frédéric comte de Schulenbourg (t. II, p. 83), née à Wolfsbourg le 16 décembre 1720, épousa, le 8 janvier 1738, Abraham-Guillaume d'Arnim, seigneur de Boytzenbourg; elle mourut le 10 novembre 1740.