<414>je pense que vous goûtez à présent quelque repos, et que vous avez plus de loisir à vous distraire avec vos amis les livres, car le temps n'est guère propre à la promenade. En un mot, mon cher frère, je voudrais que vous jouissiez de tous les agréments de la vie en tout et partout, sans exception; c'est avec ce sentiment que j'ai l'honneur d'être avec un tendre et respectueux attachement, mon très-cher frère, etc.

32. DE LA MÊME.

Le 15 avril 1775.



Mon très-cher frère,

Vous avez bien de la bonté, mon cher frère, de prendre tant d'intérêt à ma santé; elle est toute rétablie, mais le médecin et le temps ne veulent pas que je sorte. Je ne me rappelle pas que nous ayons eu un printemps si malfaisant et si désagréable depuis bien des années; mais il n'y a rien à faire, il faut le prendre comme il vient. J'ai fait ici, après bien des recherches, une découverte magnifique d'ancienne musique qui date du quinzième siècle;a c'est tout ce que l'on peut voir de plus savant, de plus touchant, de plus correct et de mieux exprimé. Je fais mes délices avec ces vieux bouquins à moitié usés par le temps. Mes heures s'écoulent dans les douceurs d'une harmonie céleste. Vous vous moquerez, mon cher frère, de mon enthousiasme; mais la musique a fait de tout temps ma passion. J'implore votre indul-


a La princesse parle de l'ouvrage principal de Hans-Leo Hassler (né à Nuremberg en 1564, mort à Francfort-sur-le-Main en 1612), dont un exemplaire, imprimé à Nuremberg en 1667, avait été retrouvé au collége du Cloître gris, à Berlin. Elle en fit faire, par Jean-Philippe Kirnberger, musicien de sa chapelle, une nouvelle édition, sous le titre de : Psalmen und Christliche Gesänge, mit vier Stimmen, auf die, Melodien fugenweis componirt : durch Hanns Leo Hassler, Römisch Kayserl. Majest. Hofdiener. Auf Befehl einer hohen Standesperson aufs neue ausgefertiget. Leipzig, aus Johann Gottlob Immanuel Breitkopfs Buchdruckerey, 1777, cent cinquante pages in-folio.