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29. A LA MÊME.

Ruppin, 11 juillet 1735.



Ma très-chère sœur,

Je vous rends mille grâces de la bonté que vous avez de vous souvenir si souvent de moi. J'en suis charmé, et j'ose dire que je le mérite en quelque façon, se passant peu de moments où je ne pense avec beaucoup de plaisir et de regret à Baireuth. Le Roi doit être de retour à Berlin; il se porte mieux que jamais, et confirme par là ce que j'eus l'honneur de vous écrire de Berlin. Pour la Reine, l'on doit la chérir et l'aimer par rapport à ses grandes qualités et à la manière tendre et gracieuse dont elle agit envers tous ses enfants. Elle a le meilleur cœur du monde, et vous lui ferez grand plaisir en lui témoignant beaucoup d'amitié. J'ai même remarqué qu'elle avait envie d'avoir des tables de marbre pour mettre dans les coins d'une chambre. Si vous lui en envoyiez, cela lui serait très-agréable, me disant dernièrement à Monbijou : « Voyez-vous, il manque encore deux tables de marbre dans ces deux coins, que je ne veux avoir d'autres mains que de celles de Wilhelmine. » Vous savez que Monbijou est extrêmement favori; ainsi elle y place tout ce qu'elle aime le plus, et ce qui lui vient des personnes qu'elle aime.

Il ne m'a pas été possible d'avoir Döbert,a étant brouillé avec son maître. Pour ma sœur, elle vous le ferait avoir volontiers, mais elle est obligée d'avoir beaucoup de ménagements avec son brutal, qui lui empêchent de faire tout ce qu'elle veut. Adieu, ma très-chère sœur; je suis éternellement, avec toute la tendresse imaginable, ma très-chère sœur, etc.


a Hautbois de la chapelle du margrave Frédéric de Schwedt.