<276>n'en avons pas trop. Je vous baise les mains, ma chère sœur, en vous priant de me croire avec la plus parfaite tendresse, etc.

301. A LA MÊME.

Le 1er octobre 1755.



Ma très-chère sœur,

Je suis non seulement de retour de Silésie, mais j'ai mis à fin le roman de Ferdinand, qui vient de se marier dans toutes les formes à Charlottenbourg. Nous avons eu des fêtes, ma chère sœur, qui ne vous affecteront guère; je prends la liberté de vous envoyer le livret du divertissement.a Stefanino y a fait des merveilles. Nous aurons cet hiver les Frères ennemis, où il a un beau rôle, dont je suis sûr qu'il s'acquittera de même. J'ai vu ici Servandoni, mais je n'ai pas eu le temps de lui parler; c'est un homme qui manquait encore au roi de Pologne pour achever de le ruiner. Je vais à présent à Sans-Souci y prendre des bains domestiques, pour fortifier mes jambes, fort débilitées après ma dernière goutte. C'est ainsi qu'on se flatte de regagner ses forces quand on les voit échapper, et que l'âge court encore après la beauté et la jeunesse, qu'il croit rattraper après que le temps, qui détruit tout, les a fait évanouir. Adieu, ma chère sœur; je souhaite que les plaisirs de Diane, s'ils ne vous amusent point, ne vous ennuient pas au moins. Je vais à présent mener une vie de solitaire jusqu'à Noël, où il faut, malgré moi, que je fasse séjour à Berlin. Je suis avec la plus parfaite tendresse, ma très-chère sœur, etc.


a Le Temple de l'Amour. Voyez t. XIV, p. XX, et 443-462.