<258>rible cervelle. Je souhaite que vous ayez à présent lieu d'être contente de Stuttgart, et que la Duchesse n'ait point de chagrin. Cependant je crois son sort momentané et sujet à bien des vicissitudes. Adieu, ma charmante sœur. Je fais mille vœux pour votre contentement, pour votre convalescence et pour tout ce qui peut contribuer à vous rendre la vie douce et agréable, en vous priant de me croire avec une estime remplie de la plus vive tendresse, ma très-chère sœur, etc.

288. A LA MÊME.

Le 9 février 1755.



Ma très-chère sœur,

Il faut avouer que vous avez joué de malheur en allant en Provence une année où le froid est excessif par toute l'Europe. J'ai fait venir un chanteur d'Italie, qui est arrivé ici de Venise en traîneau. Je souhaiterais cependant que vous eussiez pu gagner Marseille, dont je crois que vous auriez trouvé le climat plus agréable. Vous avez bien de la bonté de penser à moi à l'occasion du chevalier de Folard et du sieur Robert son neveu. On voit que vos talents guerriers ne vous abandonnent pas, et que vous êtes partout grand capitaine. Je souhaiterais cependant, pour votre conservation, que vous ne fissiez point de campagne d'hiver. Nous avons eu ici un comte polonais qui joue très-bien de la harpe, et un autre Polonais qui ne joue que de la mâchoire d'âne. Nous avons eu de même le fils du prince de Bernbourg et de notre chère cousine, qui deviendra un jour de ces princes d'Allemagne dont on ne dit ni bien ni mal. D'ailleurs, le grand froid a resserré tout le monde chez lui, de sorte que ne sort et ne voyage que celui qui y est nécessité. Je souhaite, ma chère sœur, que votre santé ne souffre point des incommodités que vous essuyez à Avignon, et que j'apprenne toujours de bonnes nouvelles de votre personne; ce sont, sans contredit, celles de