<25>très-chère sœur, quand vous les aurez lues. Je partirai celte nuit à quatre heures d'ici, et je compte arriver demain à midi à Potsdam. De là je ne pourrai peut-être pas vous écrire si naturellement que je le fais à présent, car je ne sais ce qui pourra arriver. En cas qu'il arrive un malheur, vous serez la première qui en serez avertie. Pour moi, je n'ai rien à craindre, et je suis assez en repos. Permettez que je vous rende millions de grâces de tout le bon accueil que vous m'avez fait. Je n'ai pas besoin de vous répéter ma parfaite tendresse; vous savez qu'elle ne changera qu'avec ma vie. Je crois que j'aurai l'honneur de vous revoir plus tôt que je l'ai pensé. Conservez-moi, et pour moi, votre précieuse santé, et soyez bien persuadée du parfait respect avec lequel je serai jusqu'à la mort, etc.

23. A LA MÊME.

Ruppin, 23 octobre 1734.



Ma très-chère sœur,

Je vous demande mille excuses de ce que je ne vous ai pas répondu plus tôt; mais, ma très-chère sœur, j'ai été si occupé, qu'en vérité je n'ai su ce que je faisais. Imaginez-vous l'invention qui a pris au Roi de m'envoyer ici, tandis qu'il est à l'agonie!a Tous les médecins ne lui donnent que quinze jours de vie.b J'y retourne demain, et je tâche à me préparer de tout mon possible à ce funeste événement; car j'en suis touché jusqu'au fond de l'âme. Je ne sais au monde qui vous envoyer pour vous faire part de cette nouvelle. Le Roi a deux aunes et un quart d'enflure à la circonférence du ventre, et les pieds lui sont ouverts. Adieu, ma très-chère sœur. Comme vous m'avez fait paraître d'aimer la porcelaine de Vienne, je prends la liberté de vous en


a Voyez le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 10 et 11.

b Mémoires de la Margrave, t. II, p. 207.