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271. A LA MÊME.

Le 10 mars (1754.)



Ma très-chère sœur,

J'ai eu un double plaisir en recevant votre chère lettre. J'y vois des marques authentiques de votre convalescence et les témoignages de votre précieuse amitié. Je fais mille vœux pour que votre santé se remette parfaitement, et que ce soit la dernière secousse qu'elle ait à essuyer. J'ai été fort surpris de recevoir le livre de Voltaire,a avec une grande lettre de sa part; j'y ferai répondre par l'abbé,b de sorte que je ne me commettrai pas. Son livre est utile, mais sèchement écrit; il a profité du père Barre, qu'il a abrégé. S'il ne se hâtait pas tant dans ses productions, elles n'en seraient que meilleures; mais je crois que le public n'aura plus de lui que la lie de sa vieillesse. Je me suis amusé à faire un opéra, que je prendrai la liberté de vous envoyer dès qu'il sera corrigé. Souhaitant du fond de mon cœur que cette lettre vous trouve en meilleure santé que la précédente, personne n'y prend plus part que le vieux frère; soyez-en bien persuadée, ma chère sœur, ainsi que de la tendresse et du parfait attachement avec lequel je suis, etc.

272. A LA MÊME.

Ce 16 (avril 1754).



Ma très-chère sœur,

Je prends la liberté de mettre à vos pieds un Mexicainc qui n'est pas encore tout à fait décrassé. Je lui ai appris à parler français; il faut à présent qu'il apprenne l'italien. Mais, avant que de lui


a Les Annales de l'Empire. Voyez notre t. XXIII, p. 3 et 4.

b L'abbé de Prades. Voyez t. XIX, p. 42, 51 et 55; t. XXIII, p. 50.

c L'opéra de Montézuma. Voyez t. XVIII, p. 102 et suivantes.