<231>plus errant que ce Juif qu'on dit courir le monde, et que je ne pourrai vous écrire qu'à mon retour. Je fais mille vœux pour votre santé et pour votre contentement. Soyez persuadée qu'ils partent d'un cœur qui est tout à vous, et qui ne cessera de vous donner des marques de son attachement qu'en rendant le dernier soupir. Ce sont les sentiments, ma très-chère sœur, de votre, etc.

261. A LA MÊME.

Ce 30 (mai 1753).



Ma très-chère sœur,

Cothenius est arrivé; il m'a tout à fait tranquillisé sur l'état de votre santé, qu'il se flatte d'avoir rétablie du mieux qu'il a pu pendant son séjour de Baireuth. Je vous rends grâce, ma chère sœur, de la façon tendre dont vous daignez vous souvenir de moi, et de la manière gracieuse dont vous interprétez les petits services que je puis vous rendre. Le médecin m'a apporté la belle table et le jus de cerises que vous avez eu la bonté de m'envoyer, dont je vous fais les plus tendres remercîments. Voici la réponse que j'ai reçue de France; je n'ai point voulu abuser de la confiance du Margrave, et je ne prétends être dans toute cette affaire que l'instrument de vos volontés. Je crois que si le Margrave juge à propos de signer ce traité, il sera convenable de garder là-dessus un secret impénétrable, afin que nos ennemis ne se doutent pas même des mesures de prudence qu'on prend contre leurs mauvais desseins. Il sera d'autant mieux que la chose ne fasse pas de bruit, que nous n'en pensons point à nous faire valoir, et que la France n'a d'autre objet dans ses dépenses que d'assurer à ses alliés une tranquillité durable. Je vous prie encore instamment, ne faites rien en tout ceci que ce que vous trouverez convenable à vos intérêts, et soyez sûre, ma chère sœur, que je les regarde comme les miens, étant avec toute la