<23>nombre, il fait ce qu'il peut pour les exterminer, et nous laisse, en attendant, champ libre de nous divertir, ce que nous faisons de la bonne façon. Mais voilà une terrible lettre, qui, je crains, lassera bien votre patience; par raison je vais donc y mettre fin, en vous réitérant les assurances de la tendresse et de la considération avec laquelle je serai jusqu'à mon dernier soupir, mon très-cher frère, etc.

Le Margrave se met à vos pieds, charmé aussi bien que moi de pouvoir en peu vous faire la cour. Il a été assez mal d'une grosse fièvre, dont il n'est mieux que depuis quelques jours.

21. DE LA MÊME.

Le 10 octobre 1734.



Mon très-cher frère,

Après avoir passé le plus heureux temps que j'aie eu en ma vie, il ne me reste plus à présent, mon très-cher frère, que les regrets de votre absence et de la courte durée de mon bonheur.b Mais comme il n'y a jamais si grand malheur où l'on ne trouve du moins quelque sujet de consolation, la mienne est présentement le souvenir de toutes les grâces et bontés dont vous m'avez comblée pendant votre séjour ici, dont je conserverai le souvenir jusqu'à mon dernier soupir. Aussi mon cœur en est si rempli de reconnaissance et si vivement touché, que jamais je ne pourrai trouver des expressions assez fortes pour mettre au jour ces sentiments, qui sont remplis de la plus forte et plus sincère tendresse pour vous, mon cher frère. Je n'ai pas discontinué à penser à vous, et vous ai cherché tout le jour, mais, par malheur, inutilement. Enfin les mots de cher frère et du charmant Prince royal sont dans la bouche d'un chacun, et la Grumbkow, malgré sa


b Frédéric, arrivé à Baireuth le 5 octobre, en était reparti le 9. L. c., p. 200-203.