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128. A LA MÊME.

Potsdam, 25 février 1743.



Ma très-chère sœur,

Comme la température de l'air nous promet à présent un temps assez doux, j'ai hasardé le départ du vin de Hongrie. Je serais fort flatté s'il était de votre goût; en ce cas, je m'engage de vous en faire la provision tous les ans.

Je passe ici ma vie fort tranquillement, considérant avec assez de sang-froid les orages qui se préparent de tous côtés en Europe, et qui sont prêts à fondre sur l'Allemagne. J'ai offert mon assistance;b on n'a pas voulu se prêter à tout ce qui était nécessaire; ainsi je m'en lave les mains, et je considérerai d'ici ce qui arrivera, comme les astronomes observent les phénomènes célestes qu'ils avaient calculés et prédits.

Ce sera apparemment aujourd'hui la clôture de votre carnaval. Je souhaite que vous vous y divertissiez beaucoup. Nous n'avons à présent aucuns plaisirs bruyants. J'ai ici musique le soir, et j'ai un chanteur qui deviendra un des premiers virtuosi de l'Europe; il s'appelle Porporino. Sa voix est un soprano. Je lui apprends encore l'adagio; depuis trois mois qu'il est ici, il devient tous les jours meilleur, et apprend avec une grande facilité.

J'ai honte de vous entretenir de ces sornettes; mais je me flatte que vous me le pardonnerez en faveur de l'attachement et de la tendresse avec laquelle je suis, ma très-chère sœur, etc.

129. A LA MÊME.

Potsdam, 15 mars 1743.



Ma très-chère sœur,

Je suis bien aise d'apprendre l'orage dont j'ai été menacé, lorsqu'il est passé. Dieu soit loué que vous vous portez mieux! Je


b Voyez t. III, p. 16, 17 et 21.